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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 22:24
Editions Domens Pézenas, 2001 : http://www.domens.fr/

Chem Siba, jeune trentenaire d’origine marocaine berbère par sa mère et française par son père diplomate, est chercheur à la Communauté Européenne. Le travail de son équipe « consiste, en gros, à observer et analyser les quartiers en crise de certaines villes pour aider les gens de terrain à trouver des solutions. »

En route vers sa prochaine mission à Barcelone, il décide de faire un détour par la région des Corbières, en pays cathare, qu’il ne connaît pas. Par hasard, il rend service à un vieux franciscain du coin, militant dans une association mobilisée contre les arrêtés municipaux visant à interdire la mendicité à Perpignan. Touché par la volonté de ces hommes et de ces femmes aux origines diverses, il accepte de les accompagner dans leur action et de les faire bénéficier de son expérience. Dès sa première prise de parole en réunion : « A-t-on jamais vu un moineau construire un nid de cigogne ? », Chem les intrigue, les dérange et en définitive gagne leur confiance.

Avec eux, il va s’opposer aux notables conservateurs et réactionnaires, dénoncer l’incapacité des politiques, subir la violence de la mafia de la drogue protégée les puissances locales de l’argent ; il rencontre également l’amour sous les traits d’une jeune avocate issue de la bonne société qu’elle ne réussira pas à quitter. Le roman n’échappe pas à tous les poncifs !

 

Mais le propos mérite que le lecteur dépasse le premier degré, car, en réalité, l’intérêt de cet ouvrage ne réside pas dans l’histoire de Chem à Perpignan. Celle-ci est un prétexte permettant à l’auteur une réflexion sur les moyens de lutte à opposer à l’immobilisme social, à la corruption, à la violence.

 

La nuit, dans les marigots, les lions boivent à côté des antilopes. Et, dans nos villes, on voit des voisins, qui s’ignorent dans le quotidien, changer leurs premiers mots quand ils se rencontrent dans un endroit inhabituel. Je pense qu’il y a toujours un temps, un lieu où la relation, même la plus figée, est susceptible de se modifier naturellement. Alors, c’est l’ouverture. Le dialogue peut s’instaurer et tout est modifié. C’est pourquoi il est des luttes dont le seul objectif est d’amener l’adversaire à la table des négociations. La non-violence, ce n’est ni la fuite, ni la soumission, ni de l’angélisme, c’est une lutte pour la justice, pour la paix, pour l’accord. […] (Le non-violent) voit qu’en tout homme, même le pire, il y a du bon et il croit que cette bonté peut prendre le dessus.

 

—–—–

 

La seule biographie d’Yves Chevallier que j’ai pu trouver figure en quatrième de couverture de son roman : il fut juge au tribunal de Béziers puis conseiller à la cour d’appel de Basse-Terre à la Guadeloupe, où il est décédé en 2000. Il avait fondé à Béziers l’Association Biterroise de Prévention. Il était également chrétien convaincu, imprégné de saint François d’assise et Lanza del Vasto.

 

J’ai lu ce livre par hasard, prêté par une amie et je ne le regrette pas. Prenant une image « musicale », je dirai que, comme dans une chanson engagée, ce que je garde en mémoire de ce roman, ce sont les paroles bien plus que la mélodie.

Et si je prends une image cinématographique, j’ajouterais que l’on peut être touché par le message porté par ce roman quelles que soient ses convictions religieuses ou politiques, de la même manière qu’on peut l’être par le film « Des Hommes et des Dieux » de Xavier Beauvois.

 

Le grand NON, il faut bien le poser, au bon endroit ! Si on le met devant la violence, il n’y a plus de débat sur la violence légitime ni sur la violence nécessaire. La non-violence, c’est le renoncement à toute violence. Point final.

 

 

Annie Raynal-Andrieu

 
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