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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 03:58

 

 

DSC 3604     De la vie dans son art, de l'art dans sa vie 

                                                  Anny Duperey - Nina Vidrovitch                     

                                                                                             (Editions du Seuil)

 

Nina Vidrovitch est peintre. Annie Duperey actrice et écrivain. Elles sont amies et elles s'écrivent en toute liberté sans imaginer que cette correspondance fera l'objet d'une publication.

L'échange est sans détour, alerte. Il témoigne d'une vie très active et riche chez deux femmes tournées vers l'art mais que le quotidien rattrappe et auquel elles ne peuvent échapper.

J'ai aimé le regard que ces femmes posent sur leurs instants de création et la difficulté à faire naître l'oeuvre. Ainsi que le dit Nina " Qui oserait dire que créer quelque chose (que personne ne vous demande d'apporter au monde) est amusant à faire, pour commencer ?"

Charles Juliet dans son livre Lambeaux exprime lui aussi cette difficulté : " Quand tu es penché sur la page blanche, pourquoi ces inhibitions, ce blocage, cette impression que tu es attelé à une tâche aux difficultés insurmontables ? Cependant tu te refuses à accepter cette fatalité de l'échec. Alors contre tout bon sens, tu avances dans la nuit. D'abord descendre.Encore descendre. Le dégager de la tourbe, ou de la boue, ou bien encore d'un magma en fusion. Puis le tirer, le hisser, lui faire péniblement traverser plusieurs strates au sein desquelles il risque de s'enliser, se dissoudre.

S'il en émerge, enfin il vient au jour et quand tu le couches sur le papier, alors que tu le crois gonflé de ta substance, tu découvres qu'il n'est qu'un mot inerte, pauvre, gris. Tu le refuses. Tu redescends dans la mine, creuses plus profond, cherches celui qui apparaîtra plus dense, plus coloré, plus vivace. Ainsi sans fin. Ainsi cet épuisement qui te maintient en permanence à l'extrême de ce que tu peux. "

Cet extrait justifie pour moi l'expression "accoucher d'une oeuvre".

Aussi, je souris en relisant les lignes d'Annie Ernaux dans Les années. Le personnage qu'elle décrit choisit un autre chemin et évite ainsi les affres de... l'accouchement : "Elle voudrait réunir ces multiples images d'elle, séparées, désaccordées, par le fil d'un récit, celui de son existence, depuis sa naissance pendant la seconde guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui. Une existence singulière donc mais fondue aussi dans le mouvement d'une génération. Au moment de commencer, elle achoppe toujours sur les mêmes problèmes : comment représenter à la fois le passage du temps historique, le changement des choses, des idées, des moeurs et l'intime de cette femme, et faire coïcider la fresque de quarante cinq années et la recherche d'un moi hors de l'histoire, celui des moments suspendus dont elle faisait des poèmes à vingt ans...

Mais elle n'a pas découvert  les moyens d'y parvenir. Elle espère, sinon une révélation, du moins un signe, fourni pas le hasard, comme la madeleine plongée dans le thé de Marcel Proust."

 

Pour vous tous qui n'avez pas encore succombé à la tentation de création, voilà ce qui vous attend !

 

Si, comme moi, vous êtes encore accrochés à votre madeleine, entre deux gorgées de thé, prenez le temps de découvrir les livres proposés.

 

Bonne lecture !

 

 

 

 

 

 

 


 






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